Parce que le
dessin, c’est bien.
Certes, mais c’est un peu court, comme argument. Pourquoi c’est
bien ?
Parce que le dessin guérit toutes tes maladies et fait
revenir l’être aimé, il te permet de réussir tes examens y compris le permis de conduire..ah non, je
me suis trompé de rubrique.
Donc dans ce post, j’essaie de convaincre Raymonde (c’est un
faux nom, pour garder l’anonymat d’Agathe, ma fille) de faire des cours de
dessin.
Le dessin est un peu comme le piano, il te restera toute ta
vie. Tu commenceras, Raymonde, par des gammes (dessiner des boites de conserves) pour aller
progressivement vers des morceaux entiers et complexes (du modèle vivant, des natures mortes), voir
diriger un orchestre (des scènes de rue, des dessins de villes…)
Partons d’un exemple concret, un dessin de la place de la
République à Sens. Peut être en expliquant la fabrication d’un dessin, je vais
parvenir à faire partager ma passion pour ce sport…
Il est ici présenté fini, avec un peu de « post prod »,
mais sans personnages (je n’avais que 20 minutes, j’était assis sur un poteau de trottoir - aie) et le dessin a été fait dans un but pédagogique. Au dessus, mes deux seules armes: un critérium à 2 euros chez Carrefour Contact et un stylo à lavis.
Voici la photo du paysage qui l’a inspiré (c’est différent,
trafiqué, normal, quoi)
On s'aperçoit sur les images ci dessus et ci dessous, que cette scène est régie par une multitude de points de repères. Un point de fuite, tout d'abord, des hauteurs, ensuite, des points ponctuels, enfin.
Tous ces repères sont séparés par des distances, mais aussi
par des zones de différentes formes, sorte de puzzle avec des rapports de
proportions à respecter si l’on veut assurer une repésentation correcte…
Un point de vue (au propre comme au figuré) guide toutefois le
dessin. Comme c'est plus long à réaliser qu'une photo "amateur", on fait plus attention à ce que l'on veut représenter: qu’est ce que l’on veut montrer, comment, pourquoi ?
C’est là qu’intervient, entre autres pour un dessin "réaliste" comme celui ci, le cadrage, donnée subjective.
J’ai
recentré la composition pour mettre en scène ici, dans une allégorie posée (oui
oui, allégorie, n’hésitons pas à nous la raconter) , la lutte du Clergé et de l’Etat, avec au
fond, le clocher de l’Hotel de Ville parfaitement centré et au premier plan, la
cathédrale de Sens (une place de la République au pied d’une cathédrale, c’est
drôle, pour moi en tous cas), sur un thème qui pourrait ressembler à : c’est moi qui a la plus
grande (tour).
La vue est dynamisé par la dissymétrie que créé la fuyante du
trottoir sur la gauche. La masse du batiment de gauche est en glissement par
rapport au pilier de la cathédrale, à droite, frontal (prends toi ça dans la face)
Le dessin (sans parler du trait, qui est quelque chose qui
se travaille sur le temps) n’est que l’organisation et le placement de ces
différents repères sur une surface de papier.
Le premier dessin place les éléments selon un cadre défini
en prenant les mesures en tendant le crayon au bout du bras (ce qui donne un
air particulièrement tarte, ou pédant, c’est selon).
Sur ce cadre viennent se
placer les premières masses et les premiers repères (toujours positionnés selon
leur place sur le crayon. Exemple : le crayon fait une mesure de cadre
(constitué de 6 carreaux), la maison au centre divise cette mesure en quatre
partie, le clocher se trouve à la pointe de la deuxième rangée, etc,etc…
Accessoirement, comme je n'utilise pas la photo pour faire mon dessin,
je redresse naturellement les fuyantes verticales (l'appareil lui, est
littéral et fixe une image cônique avec des points de fuite hauts), ce
qui renforce l'aspect posé et symétrique de la composition...
Les étapes suivantes n’auront pour but que de placer les « accessoires »,
en utilisant les différents repères de hauteurs, de point de fuite….
Le parti de la composition est particulièrement perceptible ci-dessous, même si l'Hôtel de ville est en arrière plan.
Une fois le dessin terminé, on place les ombres par aplats avec le stylo à lavis, réparties
selon une projection logique de la lumière.
La fin du dessin est celle du début de ce post, à savoir un fignolage, éventuellement après coup, des valeurs ou des détails
L’intérêt de l'exposé (s'il y en a un) est aussi de montrer qu'en dessinant l'image, on fixe instinctivement un propos. Qu'est ce qui me plait, comment je l'exprime.
Le temps a aussi une certaine valeur. Une seconde pour l'appareil, un quart d'heure pour le dessin...inévitablement, la mémorisation se fait mieux dans le deuxième cas.
La multiplication des sujets dessinés permet de se créer une bibliothèque inconsciente de proportions, bonshommes, voitures, constituants divers d'un paysage...qui permettent, pour ceux qui en ont besoin, de faire du dessin libre facilement dans sa pratique de tous les jours et de communiquer rapidement et facilement ses idées.
Sinon, rien à voir, et juste pour le plaisir, on dessine en général dans un endroit discret, confortable, bien exposé (en l'occurence, ce n'était pas le cas ici) pour être peinard deux minutes à se dorer la face avec un excellent prétexte...mais ça, ça n'est pas vraiment scientifique, comme argument.
Enfin, l'article n'était plus nécessaire car ma fille, Raymonde, a fini par m'écouter sans avoir à se fader cet article et elle a commencé à dessiner des boites de conserves chez les bataves, ou elle réside cette année... Peut être s'est elle dit que les vieux ne racontaient pas que des âneries (quoique souvent), et surtout qu'ils payent le loyer, alors il faut faire semblant de les trouver un peu intéressants pour avoir la paix...
J'AIME BEAUCOUP CE QUE VOUS FAISEZ
RépondreSupprimerCORDIALEMENT
C'est parce que je fais qu'est ce que j'aime
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